Prises de position !
On a besoin de services publics, pas de philanthropie… !
La crise sanitaire que nous venons de traverser a démontré une fois de plus l'importance vitale des services publics.
Que ce soit l'hôpital, où les soignants se sont mobilisés magnifiquement, les services des déchets qui ont continué à assurer le ramassage de nos poubelles, les services municipaux qui ont accompagné l'action des associations au service des plus démunis, les enseignant.e.s qui ont assuré les cours à distance dans une belle improvisation et même les services de sécurité qui ont verbalisé parfois avec un peu trop de zèle...
Ce sont nos impôts qui les financent et cette année en remplissant leur déclaration annuelle de revenus, beaucoup de celles et ceux qui les ont applaudi à 20h devraient également y penser.
Quand notre ministre des comptes publics propose d'alimenter une cagnotte sur leetchi.com pour soutenir l'hôpital public, que devons-nous lui répondre ?
Que celles et ceux qui préfèrent opérer eux-mêmes leurs choix caritatifs en donnant des millions d'euros pour la réfection de Notre Dame ou pour le développement de vaccins en Afrique, sous couvert de générosité nous imposent leurs propres visions du monde, et entre-autres, l’organisation néo-libérale de la société au détriment de la solidarité.
De plus, ils nous obligent à financer leurs réductions d'impôts au détriment des choix faits par la représentation nationale. Ce qu’ils souhaitent c’est que surtout le système actuel dont ils bénéficient n’évolue pas!
La philanthropie, la plupart du temps, est antinomique avec les nécessaires régulations notamment économiques qui permettent d’opérer des choix au service du collectif. Les généreux philanthropes justifient les inégalités, et les sommes qu’ils versent, de manière pas si désintéressée, sont bien moins importantes que les restrictions budgétaires en matière de services publics et d’action sociale qu’ils justifient.
Ces systèmes de contributions volontaires loin de participer à l'émancipation des populations, orientent au contraire les choix politiques selon les désirs des plus riches, et ce ne sont pas les meilleures intentions affichées qui peuvent rendre ces démarches vertueuses. “Tout ce qui est fait pour moi, sans moi est fait contre moi” (citation attribuée à Nelson Mandela).
Aujourd’hui l’aspiration à une vie digne, qui permet l’accès aux besoins fondamentaux, à l’éducation, la santé, les libertés publiques, la démocratie, le respect des cultures n’est pas compatible avec le chacun pour soi mais passe par une organisation collective forte de nos institutions où les services publics doivent avoir toute leur place en étant bien financés.
Bibliographie :
A quoi sert la Philanthropie ? Didier Minot Editions Charles Léopold Meyer